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Freek Wambacq : gravures sur pommes

Lukas Stallaert invite Freek Wambacq du 6 avril au 4 mai 2007 au Bonheur, rue Dansaert.

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Le Bonheur (incontournable « Ã©picerie audio-visuelle » du bout de la rue Dansaert à Bruxelles) propose depuis 2006 un cycle d’expositions originales dont un des principes est l’édition d’un multiple créé par l’artiste invité. Ce cycle, appelé HAPPY X (n), est organisé par une brochette de jeunes et actifs curateurs : Komplot (Véronique Depiesse, Sonia Dermience, Emmanuel Lambion, Estelle Lecaille, Kosten Koper et Lukas Stallaert). Voilà pour le contexte.

Plus anecdotiquement, Charlotte me donne rendez-vous au Bonheur la semaine dernière pour me montrer le travail de Freek Wambacq, exposé dans la petite arrière-salle dédiée aux expos. Sans me presser, je scanne tout d’abord méthodiquement les rayons de la boutique, comme d’habitude pleins de surprises plutôt tentantes.

Il fait beau et chaud. En pénétrant dans l’espace réservé à Freek Wambacq, je suis immédiatement frappé par l’image rafraîchissante de l’installation : un ensemble de cageots de superbes pommes occupe la pièce. Épicerie, pommes…

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Photo : Estelle Lecaille.

Et en y regardant de plus près, je découvre sur chaque fruit un dessin au trait finement exécuté, en fait une série de dessins différents, représentant des signes, des objets, ou plutôt des constructions. Un vrai travail d’orfèvre sur ces bijoux-pommes, brillance inclue.

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Mais comment a-t-il fait ?
Et de quoi s’agit-il exactement ?

J’apprends que Freek Wambacq a conçu ce travail comme une édition de quinze dessins gravés au laser sur des pommes ! Ces dessins représentent des bâtiments et des sculptures publiques, bien réelles, situées à Gibellina Nuova, en Sicile. L’ancienne Gibellina, détruite en 1968 par un tremblement de terre, est aujourd’hui devenue une sorte de musée en plein air : des sculptures sont parsemées tout au long des rues et des bâtiments, également très sculpturaux. L’idéalisme exagéré de ce rêve de béton, créé par des artistes et des architectes italiens contemporains, s’est en réalité transformé en un vrai désastre urbanistique.

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Lors de la préparation de cette exposition, Freek Wambacq s’est souvenu de sa visite dans cette étonnante ville-fantôme, quelques années auparavant.

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À partir d’images inspirées par la maquette de ces constructions utopiques (voir ci-dessous), il a imaginé ces pommes comme des objets-souvenirs, hommages mangeables à Gibellina Nuova, royaume du kitsch un peu triste de cet urbanisme raté. Voilà pour l’histoire de l’oeuvre.

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Ce qui m’a intrigué dans la découverte inopinée de ce travail au Bonheur, c’est le statut étrange de ces pommes, belles mais périssables, comme s’il fallait en profiter avant qu’elles ne se dégradent. Cinq Euros la pomme ! Bas prix conforme à l’esprit des multiples d’artistes proposés par HAPPY X (n) au Bonheur.

La finition impressionnante de la gravure au laser sur la peau de ces fruits, mélangeant l’art et la technologie, m’a fait repenser (actualité bruxelloise oblige, mais dans un tout autre genre) au film « Particle Projection » de l’excellent Simon Starling, si difficilement visible au Wiels (et totalement invisible en ligne). Plus modeste mais très réussie, on peut d’autant saluer cette production de Freek Wambacq.

Un vrai régal : j’en ai acheté une, mais vais-je la manger ? Je l’ai en tout cas photographiée. On mange aussi avec les yeux.

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Liens :

  • http://www.freekwambacq.net
  • http://www.ibknet.be/person.php?la=nl&p=1&pp=&id=203
  • http://www.kmplt.be/
  • http://www.lebonheur.net/
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Gibellina

  • 1 comment for “Freek Wambacq : gravures sur pommes”

    1. Le blog de multimedialab.be » Archive du blog » Cher Freek Wambacq dit :

      […] Mon amie Charlotte m’avait offert une de tes pommes gravées, lors de ton exposition à la boutique “Le Bonheur”, en mai 2008. Je l’avais photographiée, sachant qu’elle allait changer d’aspect. Cette pomme a ensuite trôné sur mon bureau, parmi mes objets familiers. Emmanuel Lambion, qui en possédait plusieurs, m’avait proposé d’organiser une petite séance rituelle pour en faire de la compote. C’était en été 2008. Les jours ont passé, l’idée de la compote aussi. Je ne crois pas que j’aurais aimé découper ta pomme et la manger. Imperceptiblement, le temps passant, la pomme a évidemment changé d’aspect. Aujourd’hui, “Le Bonheur” n’existe plus, et je viens de ranger mon bureau. J’ai retrouvé la pomme toute fripée, mais pas pourrie ! Une sorte de miracle ? Elle est même plutôt devenue très belle, mais on ne voit plus ta gravure dans les plis… Je l’ai donc photographiée à nouveau (voir ci-dessous), pensant la jeter après. Mais je n’ai pas pu. Rendez-vous l’an prochain, je verrai ce qu’il en restera. Et si elle sera toujours photogénique. […]

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